C’est sidérant ! Le président de la République a fait tout un discours sur la transformation de notre système de santé en ne citant la psychiatrie qu’une seule fois. Pour dire seulement qu’il faut s’en occuper en urgence sans évoquer ni la santé psychique ni les difficultés psychologiques.
Qui dira à nos gouvernants que pour prendre soin de chacun, pour protéger pleinement contre les risques de santé d’aujourd’hui et de demain et accompagner les parcours de vie de chacun de nos concitoyens1, il est nécessaire de prendre en compte au moins deux dimensions de la santé : médicale et psychologique ?
Nos confrères, consoeurs, soignants médicaux ou paramédicaux, savent cela. Nos interlocuteurs au Comité de pilotage de la psychiatrie ou à la Haute autorité de santé en sont également convaincus, tout comme les associations de patients. Les directions générales des ministères sociaux2 l’ont compris depuis longtemps. Et pourtant la politique de santé publique française l’ignore encore.
Où se trouve donc ce blocage qui empêche que l’indépendance des soins psychologiques par rapport aux soins médicaux soit pleinement reconnue par le politique ?
Mesdames, Messieurs, vous qui gouvernez notre pays, pour que notre système de santé prenne vraiment soin de chacun, nous psychologues, avons des propositions à vous faire. Le Snp les transmet régulièrement aux services des ministères : écoutez-nous ! Créez de réels services de psychologie au sein des institutions soignantes, reconnaissez pleinement les professionnels de la santé psychique que nous sommes.
Centres médicopsychologiques, hôpitaux, consultations en libéral, mais aussi établissements scolaires ou missions locales ainsi que services pour personnes âgées ou de suite et de réadaptation, de la justice, de la protection de l’enfance, de la police ou encore de santé au travail… sont autant de lieux où des psychologues prennent soin. Ce sont plusieurs dizaines de milliers de professionnels de la santé psychique qui contribuent au service du public.
Vous souhaitez, Monsieur le président de la République, que l’ensemble de celles et ceux qui portent la bonne santé d’une population en soient coresponsables3. Pour cela, la juste inscription de notre profession dans le vaste champ de la santé publique est une nécessité.
JACQUES BORGY, Sg
le 1er octobre 2018
1 « Mon ambition est claire, je veux que ce qu’on appelle le système de santé soit l’un des piliers de l’État-providence du XXIe siècle, un système de santé qui prévienne et protège contre les risques de santé d’aujourd’hui et de demain, mais aussi un système de santé qui puisse accompagner les parcours de vie de chacun de nos concitoyens. » (Extrait du « Discours sur la transformation du système de santé “Prendre soin de chacun” » du Président de la République, Emmanuel Macron, Élysée, mardi 18 septembre 2018)
2 Direction générale de la santé (DGS), Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et Direction générale de la cohésion sociale (DGCS)
3 Discours du 18/09/18
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