P&P n°237 : S’engager, inventer sa pratique (fév 2015)

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Les psychologues interviennent de nos jours dans de nombreuses structures: Fonction publique, associations, entreprises… Dans certains lieux, leurs postes sont plus ou moins clairement définis, leur champs d’intervention en friche ou mal délimité, leur pratique à (re)créer ou à tordre pour qu’une rencontre puisse se faire. Au prix de quel engagement, de quel implication, de quelle mise en jeu de soi pour le praticien? Quand il à intervenir sur une coursive avec des agents de la Pénitentiaire, sous un buisson avec un sans-domicile, dans une association de bénévoles ou encore avec des pompiers juste après un événement grave?

C’est ce dont traite le dossier « S’engager, inventer sa pratique »

Un dossier né d’une question…

Mon poste actuel m’a amenée au Syndicat national des psychologues. Pas pour défendre mon emploi, ni mes conditions de travail en tant que telles, mais pour faire inscrire les psychologues dans la Convention collective Missions locales où ils ne sont cités que comme devant « faire l’objet d’une prise en compte spécifique ». A part notre titre et les éventuels accords avec nos employeurs, rien ne cadre ni ne borne notre poste ni nos fonctions spécifiques. Dans ces lieux à peine plus vieux que la loi sur le Titre de psychologue, une pratique est aussi à inventer, même si l’on ne crée rien qui ne s’appuie sur le travail de ceux qui nous ont précédés ou qui cheminent sur les mêmes traces que nous. C’est ainsi qu’a émergé ma question : qu’est ce qu’on bricole dans ces structures ? Qu’est-ce que les flous statutaires, les champs d’intervention ouverts nous amènent à mettre de nous-mêmes? de quelle façon s’engage-t-on quand on doit y aller sans trop de filet, sans « anciens » qui auraient balisé la trace ? Quand il faut (ré)inventer la clinique à l’oeuvre, déplier les effets du discours social dans une pratique en construction, penser notre place et notre fonction dans une institution où elles ne sont pas encore créées? Et comment d’autres, ailleurs, se débrouillent-ils de ces situations-là? Comment se frottent-ils aux populations « marginales » que les institutions ne prennent pas ou mal en charge ? Comment s’affairent-ils dans les interstices de structures dont l’objet n’est surtout pas la prise en compte du psychisme ? Comment essuient-ils les plâtres de postes tout justes créés là où on n’attendait pas forcément une parole de psychologue? Cette question traversait déjà le dossier précédent « Aux limites de la vie » dans lequel on entend toute cette dimension de l’humain, du corps, du citoyen, du prochain qui met en jeu dans la relation d’accompagnement des personnes gravement malades ou aux confins de la mort. Merci à ceux qui, sollicités, ont pris la plume pour nous proposer leur réflexion. Merci d’autant plus qu’il s’agit ici de s’exposer, le thème l’exige : parler de ses propres bricolages, de ses convictions, de ses intentions, partagés souvent avec d’autres en d’autres lieux mais toujours singuliers. Meri pour l’authenticité de leur parole, et de leur patience au fil de nos nombreux échanges. Le dossier qui suit retrace leur travail. Matthieu Garot, dans un très bel article, déroule, à partir de son travail auprès (au plus près souvent) de personnes sans domicile, les multiples formes que prend son engagement. Ce clinicien nous amène, au fl des rues de sa ville, à penser la neutralité comme forme d’implication. Madeleine Cord, bénévole dans une association qui accueille des demandeurs d’emploi pour les amener à devenir « chercheurs d’emploi » parle de sa pratique et de ce en quoi elle diffère du salariat ou de l’activité en libéral. Marion Berlot, engagée dans l’institution militaire puisqu’elle intervient auprès des gendarmes, analyse très finement son positionnement et les écueils d’une pratique tout en subtilité dans uns institution qui n’a pas pour tradition la parole confiée et protégée par le secret. Sabrina de la Torre, elle, est engagée chez les pompiers. Et quel engagement ! Elle déplie la façon dont elle a creusé sa  place pour proposer un lieu d’écoute et de parole là même où l’on doit « aller au feu » jour après jour. Blandine Riamon, après quelques années dans un centre de détention et une maison d’arrêt où elle a partagé le quotidien des personnels, relit son expérience et analyse les versants cliniques et institutionnels de sa pratique à l’Administration pénitentiaire. Un monde où la violence ne se rencontre pas que dans les coursives… Pascal Petitqueux est entré en lycée professionnel… comme intervenant au titre d’une association. Il évoque les aléas et satisfactions de rencontres, patiemment tricotées avec des élèves et des professeurs. L’accueil qu’il a proposé, inclus dans l’établissement mais décalé de ses objectifs premiers, a permis que d’autres s’engagent dans leur scolarité. Anaïs Giry travaille en Proctection de l’enfance. Pour conclure ce dossier, elle nous rappelle que dans les lieux déjà balisés où le cadre est en place, le psychologue inscrit en tant que tel dans l’institution, il est aussi nécessaire de faire ses propres marques, et d’y être, en tant qu’humain, homme ou femme, autant que professionnel, pour faire entendre sa parole. C.Z.