P&P n°247 : Visages de l’autisme (déc 2016)

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Description

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Que se passe-t-il actuellement pour les psychologues travaillant dans le champ de l’autisme?

Dans nombre de lieux de soins il y a une éviction de la référence à la psychanalyse, de la dimension d’accueil des symptômes comme expression d’un insu qui pourrait cheminer, se révéler et être mis en parole dans le champ des relations transférentielles que le sujet va nouer avec les soignants rencontrés. Ce pour mettre en avant une pratique de gestion de la souffrance et du symptôme, désigné alors comme handicap, qui privilégie, voire impose des options de rééducation et des interventions à visée réadaptative. On assiste également à une inflation des procédures d’évaluation, emblématiques des dispositifs de management infiltrant tous les lieux de soins.

Le SNP ne soutient aucune méthode mais n’en exclut aucune et défend notre autonomie dans l’exercice de notre profession. Ce n’est pas à l’Etat ni à la HAS d’imposer quoi que ce soit en matière de références théoriques et de choix de nos outils. Il importe de défendre dans nos pratiques le maintien du Sujet autiste au coeur de nos préoccupations d’où que nous parlions, d’oeuvrer pour que toutes les approches soient investies dans le but de proposer à chaque patient, après que tous les registres aient été investigués, un plan d’accompagnement adapté, en partenariat avec les proches.

Dans les structures hospitalières et médicosociales, l’éventail des prises en charge est très large (entre autres : techniques éducatives, cognitives, approches psychanalytiques – de groupe ou individuelle – ateliers à médiateur divers, pensés en fonction de chaque personne). Si toutes ces pratiques sont articulées en se centrant sur les besoins et le devenir de l’autiste et ne viennent pas en réponse à je ne sais quels intérêts, nous avons tous à y apprendre et il me semble primordial de ne pas nous arc-bouter sur des pratiques mais plutôt de revisiter nos certitudes, de rester à l’écoute des autres professionnels tout en maintenant une inventivité au plan thérapeutique tant que nous restons attentifs et en concordance avec une assise théorique viable.

La richesse et la force de l’humanité résident dans la diversité qui la compose. Nous gagnerions plus à mettre nos efforts dans l’amélioration de l’offre d’accompagnement et de soins, dans le soutien psychologique de la personne autiste et de ses proches, plutôt que de nous déchirer pour déterminer quelle pratique serait la meilleure.

Lorsqu’on parle d’autisme, il est impossible de parler pour tous. Comme tous les humains, chaque autiste a son potentiel. Dégager une ligne de conduite convenant pour tous en toutes circonstances est de l’ordre d’une illusion.

Il est temps en effet temps de cesser d’opposer les personnes et les approches, et de vouloir imposer une vérité unique. Il faut désormais garantir la pluralité à tous les niveaux, dans les formations pour les professionnels ainsi que dans la recherche.

Le propre du travail en institution s’appuie sur le partage à plusieurs d’une problématique ; cela sous-entend une réflexion permanente sur l’articulation des fonctions et sur la pertinence et la cohérence du projet. Le souhait est que nous puissions travailler plus sereinement à partir de la reconnaissance des apports mutuels.

Accepter, comprendre, décoder, porter attention aux comportements, c’est laisser toute la place à l’autiste de s’exprimer librement et reconnaitre les visages de l’autisme. C’est ainsi que nous l’aiderons à devenir une personne plus autonome. Les enfants autistes deviennent des adultes autistes, qu’il ne s’agit pas de lâcher parce qu’ils ont atteint l’âge limite pour être accompagnés dans nos institutions ; il est essentiel de penser avec les associations d’autres modèles qui soient des lieuxressources tout au long de la vie, afin de donner toutes leurs chances aux autistes de prendre part à la vie en société.

Nous aurons deux volets dans ce dossier consacré à l’autisme et toutes les voix ont été invitées à s’exprimer : celles des professionnels de toutes orientations théoriques, celles des autistes, de leurs proches, des associations. A l’image des multiplicités de la clinique de l’autisme, les articles sont très variés et il n’est pas aisé de les articuler.

Dans ce premier numéro, Jean-Louis Pédinielli et Lionel Diébold, psychologues cliniciens, décrivant les modifications historiques des représentations de l’autisme, mettent en lumière les effets sur notre discipline du glissement de la psychose vers le handicap et les logiques en présence.

Maud Lacroix nous invite à partager son vécu de parent et son parcours jusqu’à l’annonce.

Jessica Laporte, autiste Asperger, témoigne de l’importance de faire une démarche diagnostique et nous raconte quel impact cela peut avoir au niveau de la construction identitaire. Elle a également créé l’image de couverture illustrant ce dossier.

Inci Cordier nous présente une méthode éducative et comportementale d’intervention précoce, le modèle Denver. Méthode que l’on retrouve dans les actions mises en avant par l’équipe du Centre Ressources Autisme du Languedoc Roussillon, qui nous décrit ses missions.

Armelle Barral nous présente la CIPPA (Coordination Internationale de Psychothérapeutes, Psychanalystes et membres associés s’occupant de personnes avec Autisme) qui oeuvre pour favoriser les collaborations entre les familles, les praticiens de terrain et les chercheurs participant ainsi à réduire les clivages.

Graciela Crespin, psychologue d’obédience analytique, nous montre comment les neurosciences et la psychologie piagétienne peuvent éclairer ensemble le suivi des bébés et l’importance d’articuler les différents éclairages pour aménager des propositions de soins pertinentes. Avec Guy Udo, nous cheminons auprès d’un enfant hospitalisé dans le service où il exerce et Patrick Sadoun, à travers le quotidien du parent d’un autiste, insiste sur la partenariat parents-professionnels et sur l’importance d’intégrer les parents pour ensemble patiemment créer du lien.

Anne Luigi Duggan, psychologue clinicienne d’orientation psychodynamique et Christophe Daclin, pédopsychiatre cognitivocomportementaliste, se livrent à un échange vivant, croisant leurs pratiques et expériences respectives, nous amenant ainsi à entrevoir quel peut être l’intérêt, du point de vue praticopratique, des apports de chacun et de la force que peut représenter l’interdisciplinarité dans une équipe. Ils nous questionnent sur le travailler ensemble, la co-construction de projets de soin en acceptant les diversités de points de vue.

Je me permets de donner mon point de vue sur le contexte qui nous sclérose et nous empêche de travailler sereinement et une revue des associations dédiées à l’autisme est proposée  par Sylvie Nandkissori afin de permettre aux collègues de se documenter plus avant s’ils le désirent.

Elle illustre parfaitement la diversité de références et de pratiques que l’on retrouve dans les articles du dossier. L’avenir se construit ensemble et nous poursuivrons dans le prochain numéro ces échanges d’expériences et connaissances cliniques participant ainsi à nous ouvrir et partager plus entre cliniciens, quelles que soient nos références théoriques.

Patricia Perrier