Nos statuts prévoient une élection du Secrétaire Général par le Bureau National. Le BN est donc habilité légalement à révoquer un SG et à en élire un autre s’il n’a plus la confiance de ceux qui lui ont donné ce mandat de SG par un vote (article 2004 du code civil).
Mais évidemment prendre l’initiative d’empêcher un SG d’aller au bout de son mandat à deux mois du Congrès ne se fait pas sans raisons.
Ma décision ne s’est pas prise de gaieté de coeur, mais sa nécessité a été imposée au BN par des mises en tension de plus en plus préoccupantes.
Il est essentiel que les intérêts des adhérents ne soient pas impactés par ces tensions. Les enjeux de la profession méritent un engagement de tous à la hauteur des attaques extérieures gouvernementales.
Il est primordial que les cadres militants du syndicat, jeunes et vieux, puissent travailler dans une relative sérénité pour mettre toutes leurs forces en commun, sans se laisser diviser et agiter par des polémiques enflammées et des attaques contre les uns ou les autres.
Celles-ci lassent et découragent les psychologues et contribuent à leur moindre mobilisation, ce qui s’est ressenti lors des dernières propositions d’actions collectives.
Ainsi le SNP, à la manifestation du 29 septembre dernier a su se rendre présent et visible – mais pas à la hauteur de son nombre d’adhérents et de son potentiel militant. L’ensemble des associations (convergentes ou pas) ne l’ont pas été non plus, mais nous ne pouvons pas nous satisfaire de cet état des choses.
Le rapport d’activité du SG n’a fait aucune place aux membres du Bureau National – qui ont été mis devant le fait accompli, sans possibilité de refuser ou amender sa publication. Si celle-ci a été publiée, conformément aux statuts, les statuts sont aussi ceux qui permettent d’apporter une réponse.
La réponse qui a été d’élire une nouvelle secrétaire générale devait être donnée pour que la confraternité au sein du syndicat reprenne le dessus, et qu’aient lieu des discussions basées sur le respect mutuel, ce qui n’exclut pas la critique fondée.
Nous avons besoin d’un espace apaisé pour préparer le congrès et faire un véritable bilan collectif au niveau national, pour permettre de prendre les options qui préserveront l’avenir du syndicat.
Mon seul but, ma seule ambition sont de favoriser sur le court terme ce bilan, en créant cet espace.
La modernisation du syndicat, indispensable à sa pérennité, va de pair avec le rajeunissement de ses militants, et la transmission générationnelle.
Une dynamique commune d’engagements fondés sur des analyses partagées au sein du syndicat nécessite des échanges constructifs. La fermeté dans les décisions prises doit s’étayer sur le partage des informations et le respect de la démocratie au sein de la gouvernance du syndicat, sans confusion entre les niveaux et les instances.
Tout cela n’est possible que s’il y a un respect de ceux qui ne sont pas des ennemis à détruire, mais des confrères et des camarades.
Que certains puissent avoir des intérêts divergents, une vision différente, une analyse éventuellement erronée, qu’ils se laissent instrumentaliser ou manipuler par les sirènes ou les pressions du pouvoir, et soient comme tous les humains faillibles et pétris de contradictions, ne justifie en rien de se laisser entraîner à des débordements qui créent un climat délétère.
Ces excès se sont produits, malgré la grande compétence, la formidable capacité de travail, la sincère volonté d’agir dans l’intérêt de la profession et toutes les autres qualités qui ont fait du SG sortant un excellent rédacteur en chef de la revue, un animateur reconnu de la Commission Université et de la Commission Expert, et sur des points qui ne sont pas sans importance et sans valeur, un bon secrétaire général.
Ce fait doit nous rappeler que personne n’est parfaitement à l’abri des passions humaines, tout psychologue qu’il soit – et nous mettre en garde contre nos propres risques liés à l’excès de confiance en nos propres capacités. Car comme tous les savoirs, la science psychologique n’est que ruine de l’âme sans la conscience déontologique.
Il doit nous rappeler que, en tant que professionnels, nous devons nous garder de nous-mêmes, mais aussi que notre profession est parfois sa première ennemie dans son hubris et sa passion pour les petites différences, et que l’être humain est et reste le principal danger pour les autres et pour lui même.
Le savoir c’est accepter que des dérives puissent avoir lieu, sans en faire un drame, ni renoncer à tout engagement, mais agir avec courage et détermination pour que la vie continue.
Retrouver le chemin de la confraternité et de l’exercice de la démocratie, est le seul objectif que je me suis fixée en prenant la responsabilité, avec d’autres membres du BN, de donner un coup d’arrêt à une dérive qui nous a semblé avoir passé les bornes.
Ce coup d’arrêt ne m’empêche pas de conserver une réelle estime pour le travail et la personne de Patrick-Ange Raoult. Comme pour tous ceux qui, restant au sein du syndicat avec d’autres missions, furent avant moi, secrétaires généraux du SNP : Jacques Borgy, Annie Combet, Jean Marie Lecointre,
Patrick Cohen, ils ont été mes « chefs » – on n’a pas à refuser d’en avoir, il faut des responsables nationaux du syndicat.
Tous sont aussi et restent mes camarades et des confrères qui ont oeuvré et qui peuvent encore oeuvrer utilement au sein du SNP, notamment dans cette période difficile.
J’espère leur aide à mon court mandat, comme je leur ai apporté la mienne lors de leur mandature.
J’espère aussi mobiliser tous ceux qui, comme moi, sont convaincus qu’un SNP fort et démocratique est un atout essentiel pour la profession et que les attaques contre les personnes desservent les intérêts de toute la profession.
J’espère que vous m’accorderez le crédit de n’avoir pas d’autre motivation que celle de voir se continuer la vie du SNP.
Bien confraternellement, bonne préparation de Congrès à tous.
CHRISTINE MANUEL,
SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DU SNP