Un accord sur les salaires et sur les classifications[1] a été signé par les syndicats CFDT, CFE-CGC et CFTC d’une part et la FEHAP[2] d’autre part, le 15 mars 2017. Cet Avenant 2017-02 porte sur une augmentation du point conventionnel et sur des mesures catégorielles et professionnelles.
Lecture critique
Revendications syndicales : les autres organisations
Ce texte a aussitôt été dénoncé par les syndicats non signataires de l’accord, CGT, FO et SUD, sur plusieurs points essentiels :
- L’augmentation de 1% en 2 ans de la valeur du point. De plus, une vingtaine d’emplois sont encore salariés en-dessous du SMIC.
- Bien que certaines professions aient obtenu une revalorisation de leur classification, d’autres catégories de personnels sont ou restent déclassées. Les fonctions encadrantes sont, dans l’ensemble, privilégiées.
- Une possible réintroduction de l’avancement au mérite
Le SNP ne peut que soutenir ces indignations et s’élever contre la maltraitance sociale organisée et délibérée à laquelle sont soumis des professionnels dont la mission est de prendre soin.
La création de nouveaux métiers
Le préambule de l’avenant annonce la création « de nouveaux métiers tenant compte des besoins des structures et leur permettant de répondre à l’émergence de métiers liés à l’évolution des techniques, des modes de prise en charge –notamment la perte d’autonomie–, aux impératifs de qualité… ».
Celui de gestionnaire de flux a tout particulièrement retenu notre consternation. Ce professionnel est classé dans les encadrants de soin. Nous traduisons : la prise en soin des patients sera encadrée par un gestionnaire de flux. Lu ainsi, on entend le peu de cas qui est fait des hommes, femmes et enfants, oserons-nous encore dire accueillis, dans les institutions. Cette mise sous tutelle de la pratique de soin sous le joug gestionnaire, comptable, administratif au pire sens du terme est inadmissible. Le mouvement s’est amorcé depuis longtemps déjà et se précipite, annulant la subjectivité tant des patients, réduits à l’état de cas et de flux, que des professionnels.
Renomination de fonctions encadrantes
Parallèlement, nous avons remarqué la requalification de certaines fonctions encadrantes, jusque-là nommées responsable et désormais encadrant et qui sont, pour certaines, dépossédées de leur qualification professionnelle (infirmier, rééducateur) pour être rattachées à une structure (unité de soin, unité de rééducation). Cette déprofessionnalisation est dramatique. Tout autant que la dilution de la responsabilité, clivée, déniée, fragmentée, éclatée en petits bouts d’encadrement, même plus de personnes mais de lieux, de structures.
Et les psychologues ?
Pas de modification directe pour les psychologues mais quels effets pour eux? Comment peuvent-ils encore faire tenir la question du sujet, du sens, du travail commun autour d’un sujet en souffrance ? Comment, avec leurs collègues de bonne volonté, médecins, infirmiers, orthophonistes et autres, pourront-ils encore aider les personnes malades, handicapées, blessées, à tenir bon le fil de leur existence ?
Pas d’augmentation de salaire non plus, alors que certaines professions classées dans la catégorie dont font partie les psychologues, « cadres de soin », voient leur rémunération revalorisée. Cela témoigne de la valeur désormais accordée au soin psychique dans les institutions et du manque d'intérêt pour les intervenants du soin non médicalisé et pour le soin psychique
Pour conclure
Les prochaines commissions paritaires nationales se tiendront les 6 juin, 4 juillet, 18 septembre et 28 novembre. Allons-nous laisser faire ?