Le projet de loi sur « l’hospitalisation sans consentement » permet-il encore une prise en charge thérapeutique ?

Un projet de loi réformant les hospitalisations sous contrainte, dont le texte a été publié par le journal Libération le 2 avril dernier, est présenté ce mercredi au Conseil des Ministres en vue d’un passage au parlement à l’automne.

Le Syndicat National des Psychologues s’élève contre ce projet qui fait totalement l’impasse sur la dimension soignante des prises en charge psychiatriques au seul profit de la contrainte.

 

Vers des soins non thérapeutiques ?


Ce projet de loi ne constitue  pas une aide à la prise en charge thérapeutique des patients atteints de troubles psychiatriques. Plusieurs dispositions de ce projet de loi rentrent en totale contradiction avec le cadre nécessaire aux soins à apporter à des patients fragilisés par la maladie. En effet, une hospitalisation même débutée par nécessité sous contrainte, n’a de sens que si elle permet, in fine, une adhésion aux soins de la part du patient.

Les psychologues intervenant en psychiatrie savent combien une approche du soin fondé sur l’écoute et la relation humaine permet d’instaurer un lien thérapeutique, le seul qui soit garant d’une véritable continuité dans les soins.

Proposer des soins sans consentement en ambulatoire est une fausse solution faisant croire que, désormais, tous les patients seront soignés. Penser que l’administration d’un traitement en ambulatoire par la contrainte soignera un malade dont la pathologie (hallucinations ou délire de persécution) demande du temps et de la confiance envers une équipe soignante, est une erreur thérapeutique. Les hospitalisations sous contrainte répondent déjà aux situations extrêmes.

Soigner… Mais pour le bien de qui ?


Faire reposer l’hospitalisation sans consentement sur la seule dangerosité, sur le seul risque de trouble à l’ordre public – sans prendre en compte les enjeux de la maladie mentale – peut même induire un sentiment d’exclusion, voire de persécution chez des personnes déjà en souffrance. Ce projet fait, de plus, l’impasse sur la diminution des moyens humains (baisse des effectifs soignants) et matériels (fermeture des lits). Ne reposant que sur la contrainte, (soigner dehors sous la contrainte ou enfermer sous la contrainte), ce projet ne saurait constituer pour les patients, les familles et les soignants une politique de soins efficace et respectueuse des personnes.

La peur de l’acte irraisonné ne peut servir de support à une loi. La peur de cet autre humain, si semblable et pourtant si différent, ne saurait suffire à organiser les soins sans consentement. La contrainte qui est, nous le savons, parfois nécessaire doit permettre de faire espérer un futur dans lequel une alliance thérapeutique sera possible.

Un projet aux objectifs trop opaques


Tel que nous le connaissons, ce projet de réforme de la loi de 90 ne remplit qu’un objectif sécuritaire à défaut d’avoir un objectif soignant !

La psychiatrie a aussi mission de redonner une place dans la communauté humaine à des personnes dont les troubles psychiatriques peuvent les conduire à se sentir étrangers au monde et parfois à eux-mêmes.

Le Syndicat National des Psychologues souhaite donc que ce projet de loi soit totalement rééquilibré en faveur de la dimension éthique et soignante de la psychiatrie à laquelle les psychologues participent pleinement.

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