Suicide d’un psychologue à Antony : notre appel à la DGOS !

à Monsieur R. LE MOIGN
Sous-directeur des ressources humaines
DIRECTION GENERALE DE L’OFFRE DE SOINS

Objet : Situation des psychologues de l’EPS Erasme d’Antony

Monsieur le Sous-directeur,

Au mois de juillet 2012, nous vous avions interpellé par un courrier au sujet de la situation préoccupante des psychologues de l’EPS Erasme à Antony (Hauts-de-Seine).
Nous déplorions alors un non-respect ouvert des dispositions de la circulaire du 30 avril 2012 : recrutements de contractuels sans organisation de concours, entraves à l’exercice de la fonction de FIR, avenants signés sous la menace, délégations d’autorité aux cadres de santé.
A ce jour, un nombre important de psychologues de cet établissement (dont l’effectif compte toujours plus de 80% de contractuels) continue de faire l’objet d’avenants arbitraires qui portent la mention « sans temps de FIR » sur des emplois pourtant permanents.
Plus grave, nous souhaitons vous faire part du décès récent par suicide d’un de nos confrères de cet établissement, dans un contexte globalement dégradé d’absence de dialogue et de mépris de notre profession.
Naturellement, nous nous abstiendrons d’établir un lien de causalité directe entre cet acte, qui revêt une dimension symbolique très forte pour notre profession, et le contexte au sein duquel il est intervenu.
Nous exprimons néanmoins notre plus vive inquiétude quant aux conditions de travail et à la précarité auxquelles nos autres confrères de l’EPS Erasme sont quotidiennement confrontés.
Nous vous demandons une nouvelle fois de bien vouloir prendre les mesures nécessaires au rétablissement rapide des conditions indispensables au bon exercice de notre métier au sein de cet établissement.
Veuillez recevoir, Monsieur le Sous-directeur, l’expression de nos respectueuses salutations.

Guillaume LUGEZ
Commission de la Fonction Publique Hospitalière
SY\u0004DICAT \u0004ATIO\u0004AL DES PSYCHOLOGUES

La DGOS nous a déjà répondu. Elle a demandé à l’ARS Ile de France de faire le point sur la situation dans cette établissement » et par conséquence de la « tenir informée des suites de son intervention« .

Vous pouvez lire ci-dessous un article d’Eric Favereau paru dans Libération :

 

Les psychologues, mal aimés, mal traités

 

21 janvier 2013 à 22:27

Par ERIC FAVEREAU

 

Un jeune psychologue de l’hôpital psychiatrique d’Antony, près de Paris s’est donné la mort, la semaine dernière. Il y travaillait depuis deux ans. Y a-t-il un acte plus délicat à comprendre qu’un suicide ? On sait que les raisons peuvent être multiples et si complexes. Se taire, alors ? Préciser simplement : «C’était un jeune homme, dynamique, pondéré, apprécié, très engagé auprès des patients», comme l’a raconté un de ses collègues. Que dire d’autres ? L’hôpital d’Antony n’est pas n’importe quel lieu. Il est malheureusement bien connu, depuis le discours, le 3 décembre 2008, de Nicolas Sarkozy, alors président. Celui-ci avait tenu, là, des propos ahurissants sur la psychiatrie, mettant en avant uniquement des impératifs sécuritaires, promettant des chambres d’isolement et des bracelets électroniques aux patients trop remuants.

 

Y a-t-il un lien ? Evidemment non. Un psychologue est juste mort, mais voilà depuis quelque temps que, dans les hôpitaux psychiatriques, les psychologues sont attaqués. Dans le monde de la santé mentale, c’est la profession la plus ballottée, la plus mal payée (2 200 euros pour un temps plein avec quinze ans d’ancienneté), sans défense, peu reconnue, coincée entre des psychiatres souvent repliés dans leurs égocentrismes et le personnel soignant qui fait tourner le service vaille que vaille. «Que faire dans des services où les patients sont enfermés et abrutis de médicaments ?» notait il y a peu une psychologue hospitalière sur son blog. «Où est notre place, pour simplement parler et penser ?»

 

A l’hôpital d’Antony, les tensions sont nombreuses. Au point qu’il y a eu des courriers du Syndicat national des psychologues à la direction de l’hôpital, puis à la direction de l’offre des soins au ministère de la Santé pour dénoncer «des risques extrêmement élevés». Pas de réponse. «On ne peut pas ne pas s’interroger entre ce décès et les attaques répétées contre les psychologues», explique Simone Molina, figure du milieu de la psychologie clinique. «Nous ne voulons en rien instrumentaliser ce décès, mais il s’agit aussi de voir là un signe terrible de ce que produit le harcèlement au travail, comme cela fut le cas à France Télécom, ou encore à l’hôpital de Villejuif, ou dans d’autres hôpitaux.» Un syndicaliste CFDT de préciser plus fortement, encore : «Le problème, c’est que l’institution psychiatrique devient pathogène. Qu’est-ce que l’on fait, nous psychologues ? Partir ? Mais pour aller où ?»

 

A l’hôpital d’Antony, on se tait. On refuse de commenter un «geste personnel», et on évoque l’impudeur de ceux qui posent des questions. «Si on parle souvent de ce qui empêche les soignants de travailler, on n’aborde rarement ce qui les détruit», lâche un médecin du travail.

 

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