Edito 281-282 Se retrousser les manches

Nous pouvons le dire, cela fait de nombreuses années que le contexte médiatique n’a pas été aussi favorable aux psychologues. Cela fait également de nombreuses années que le contexte politique n’a pas été aussi délétère pour la profession et dangereux pour le public.

Les projets actuels du gouvernement menacent l’identité même de la profession et ce qui en fonde l’existence et, en premier lieu, sa formation. La mise en place d’une potentielle sixième année d’étude, bien loin de la revendication soutenue par le SNP sur le doctorat professionnel, fait le lit de la paramédicalisation du fait d’un ancrage non plus dans les sciences humaines mais au sein des sciences médicales.

La menace pèse aussi sur la liberté d’exercice et l’autonomie des psychologues du fait des nombreux dispositifs qui ont fleuri çà et là depuis plus d’une année : Chèque Psy étudiant, Psy enfant ado, actuellement MonParcoursPsy (ex MonPsy), et de nouveaux dispositifs toujours plus segmentant. Ces dispositifs ont pour point commun la mise sous tutelle médicale des psychologues qui deviennent alors des exécutants, techniciens du psychique avec l’injonction de résoudre les difficultés des personnes en un temps record (8 séances de 30 minutes).

L’autonomie du psychologue est en grand danger dans les institutions publiques ainsi que pour les salariés du privé (conventions collectives) laissant à voir des collègues de plus en plus souvent mis sous pression, sommés de « faire du chiffre » et parfois tyrannisés par des cadres qui ne comprennent guère « ce que le psychologue fait vraiment ».

Quant à la pluralité des approches et des méthodes, déjà fragile au regard des querelles théoriques qui ont pu traverser l’histoire de la profession, elle est également dans le viseur du gouvernement. Les différents rapports parus ces derniers mois (IGAS, Académie de Médecine etc.) indiquent clairement la direction adoptée.

Nous voyons déjà se manifester sur le terrain et dans la réalité les conséquences de ces projets et cela a de quoi inquiéter. Alors que faire ? Comment réagir face à ces menaces ?

La réaction se devra d’être collective à partir du rassemblement du plus grand nombre de psychologues. Pour cela il nous faudra faire évoluer en partie notre manière d’agir, de lutter et de défendre la profession en mettant au centre de nos actions une stratégie politique construite et déployée dans le temps. C’est l’action politique coordonnée qui pourra aider à la fois à une plus grande visibilité de la profession et à la mise en place d’une stratégie qui puisse avoir un impact au plan législatif et donc en direction du public.

Le Congrès ordinaire du SNP, temps fort démocratique, qui a eu lieu à la fin du mois de novembre a permis d’enrichir et de compléter les axes de revendication du syndicat pour la profession.

Un nouveau Bureau National, dynamique et de tous les âges et champs professionnels, a été élu et mandaté pour les mettre en oeuvre. Face à la massivité des enjeux, il est nécessaire de se retrousser les manches.

Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas et nous espérons qu’elles apporteront à chacune et chacun tout le repos et les festivités dont nous avons toutes et tous besoin après une année dense en luttes et combats syndicaux. Ce repos, bien mérité, permettra de se réinvestir dès le début de l’année prochaine dans des actions fortes et collectives pour défendre la profession, actions que nous ne manquerons pas de vous proposer si vous souhaitez vous y investir sur le terrain, au niveau local. Ce n’est pas nouveau, c’est l’union qui fait la force et c’est ce que nous ne devons jamais perdre de vue. 

FLORENT SIMON,
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SYNDICAT NATIONAL DES PSYCHOLOGUES

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