Edito 273 – UNE MOBLISATION HISTORIQUE FACE A LA TOURMENTE

De concert, le SNP, le SIUEERRP, la CGT-UFCMIT et la FFPP ont constitué un appel à la grève et à la mobilisation de l’ensemble des psychologues pour défendre la Profession. Plus de 100 syndicats, dont les centrales, d’associations et d’inter-collèges se sont associés. Des milliers de psychologues ont battus le pavé à Paris certes, mais dans près de 40 villes dont les DOM TOM

La mobilisation du 10 juin organisée par 4 syndicats et organisations est un point d’acmé du malaise des professionnels qui se sentent particulièrement malmenés par une suite de rapports : IGAS, Cour des Comptes, etc., par une suite d’arrêtés dont celui du 10 mars 2021 sur les dits TND, par une suite de mesures dont le Chèque Psy, refusé par le SNP, le 100 % enfants, le dispositif MSP, etc. tous rejetés par la profession. Ceci, après une sollicitation forte et une reconnaissance importante de la place et fonction des psychologues, répond d’une volonté de cadrer ou d’organiser leurs interventions par les instances.

Le remboursement tant espéré, malgré des négociations difficiles, s’est conclu par un rejet des décisions gouvernementales. Le SNP a été le seul syndicat ou association professionnelle à avoir toujours tenu la même ligne cohérente dans ses positions. Il a été soucieux de ne pas réaliser de compromis qui aille à l’encontre de l’intérêt des professionnels.

De nombreux événements apparaissent ou se renforcent :

  • Un réductionnisme épistémologique invalidant le champ des Sciences Humaines.
  • L’invention d’une Novlangue neurologisant toute déviance et supprimant la réalité de la subjectivité.
  • La création de catégories fourre-tout : troubles neuro-développementaux, troubles du spectre autistique, troubles de l’apprentissage (dys-), troubles de l’hyperactivité-attention, niant le fait psychique
  • Un verrouillage scientifique, avec des biais majeurs, débouchant sur des Recommandations qui deviennent des obligations et des pratiques imposées.
  • Une réorganisation du champ de la santé avec de nouvelles définitions des missions des structures de la psychiatrie et la création de plateformes.
  • Une externalisation des prises en charges institutionnelles vers des régulations libérales.
  • Une scission exacerbée entre troubles majeurs et troubles modérés/légers, qui, eux, sont renvoyés vers les psychologues.
  • Un cadrage administratif et une réponse politique qui entraîne une complexification des parcours dits de soins.
  • Un double discours conduisant à une défaillance des prises en charge et une perte de qualité des soins psychiques (Inclusion, 2005 ; arrêté TND ; textes sur autisme…).
  • Une inféodation médicale des psychologues avec un dénigrement de leurs qualifications.

 

Devant une telle tourmente, les psychologues, dont la population s’est notablement renouvelée et accrue, sont traversés par de nombreuses incertitudes et angoisses. Cet état de crise voit surgir quelques antiennes :

  • Création d’un ordre, d’une instance non ordinale ou d’une autonomie libérale.
  • Critique de la représentativité de la profession avec émergence de mouvements protestataires.
  • Acceptation ou refus de la dépendance médicale : adressage, prescription ou collaboration.
  • Définition de la scientificité : réduction physicaliste ou régionalités épistémologiques.
  • Maintien ou suppression de la Mention : psychologie clinique.
  • Une réforme de la formation : prévalence des démarches expérimentales ou présence d’une approche clinique.
  • Luttes territoriales diverses.

 

Nous faisons face à cette déferlante avec vigilance par un ensemble d’interventions.

Le CéréDéPsy a abouti, dans ses grandes lignes, à ses conclusions sur le Code de déontologie. Un travail important, conséquent, donnant lieu à un consensus entre cette vingtaine d’organisations dont environ 8 dépendent de la FFPP, 4 de la SFP. Une ouverture doit pouvoir se faire pour affiner et poursuivre ce travail qui demeure crucial.

Une réflexion s’ouvre après que l’AEPU, appendu à la FFPP, ait eu mission par le MESRI, sans information préalable, de faire des propositions pour les fiches RNCP, conséquemment pour les formations. Une double inquiétude s’est faite : la volonté exprimée de faire disparaître la Mention : Psychologie clinique et l’absence des organisations professionnelles sur la question des compétences attendues. L’AEPU ouvre le débat avec les directeurs d’UFR, assouplit ses positions certes, mais les professionnels ne sont pas conviés en première instance. Le débat doit donc largement s’ouvrir.

Enfin, avec les Collèges de psychologues de l’Arisse et de l’A.P.S.I., le SIUEERRPP, l’Association Quelle hospitalité pour la folie, Figures psychodramatiques, Espace Résilience et la Société Française de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et Disciplines associées, le SNP, Syndicat National des psychologues a déposé un recours contentieux (collectif) au Conseil d’Etat contre l’arrêté du 10 mars 2021 sur les TND.

Le Syndicat National des Psychologues, représentant la diversité des champs d’exercice et le pluralisme des théories et méthodes, se doit donc d’ouvrir ces débats et de permettre un nouvel équilibre.

Patrick Ange Raoult Secrétaire Général du SNP

 

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