Vous trouverez ci-dessous le courrier envoyé à Ségolène Neuville, Secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion
Paris le 29 avril 2016
Madame,
Lors du Comité National Autisme du 21 avril dernier vous avez annoncé que vous souhaitiez améliorer la prise en charge des enfants autistes à travers des aides financières aux familles. Vous voulez pallier l'insuffisance de prise en charge financière de certaines interventions du secteur libéral en permettant aux parents de passer une convention ou un contrat avec des structures médico-sociales, qui leur permettront d'organiser les interventions de ces professionnels à leur domicile ou à l'école. Ces psychologues, éducateurs ou psychomotriciens seraient payés directement par ces structures, appelées « pôles de compétences et de prestations externalisées », sur des crédits de l'Assurance-maladie.
Le SNP représente tous les psychologues, quelles que soient leur champ d’activité, à savoir les fonctions publiques, le secteur privé lucratif et non-lucratif, et le libéral. Dans ce contexte, le SNP souhaite connaître la marche à suivre pour les professionnels libéraux qui interviennent ou souhaitent intervenir auprès des familles et de leurs enfants.
Nous ne pourrions accepter que votre proposition oblige les psychologues à ne pratiquer qu’une seule méthode ! En effet, de plus en plus de psychologues sont victimes de harcèlement de la part de leur direction pour appliquer les recommandations de la HAS ou de l’ANESM. Notre expertise sur les pratiques depuis 50 ans dans le domaine de l’autisme et les avancées de la recherche nous permettent d’affirmer qu’aucune théorie ne pourrait être imposée à tous, pas plus la psychanalyse que les méthodes comportementales. Ces injonctions de méthode sont une atteinte inacceptable à l’autonomie professionnelle des psychologues comme des psychiatres ou des médecins.
Professionnel libéral, à activité prudentielle, le psychologue décide du choix et de l'application des méthodes et techniques psychologiques qu'il conçoit et met en œuvre en fonction de chaque personne prise en charge. Il répond personnellement de ses choix et des conséquences directes de ses actions et avis professionnels. C’est pourquoi le SNP défend la liberté de choix pour les familles de la méthode qu’ils estiment adaptée à leur enfant autiste et rejoint les inquiétudes des familles, dont certaines regroupées en association. Nous rejoignons en ce sens le code de la santé publique qui affirme « Le droit du malade au libre choix de son praticien et de son établissement de santé est un principe fondamental de la législation sanitaire » (article L. 1110-8, 1er alinéa du code de la santé publique).
Dans l’attente de vous rencontrer, veuillez recevoir nos salutations distinguées.
Jacques Borgy
Secrétaire général du SNP
Sur le même sujet : consultez notre communiqué de mai 2015