LA SANTÉ PSYCHOLOGIQUE, GRANDE ABSENTE DU PLFSS (10 octobre 2022)

Alors que les besoins en santé mentale et la souffrance psychologique, déjà à des niveaux très élevés depuis plusieurs années, ont maintenant encore augmenté, le gouvernement a proposé un dispositif qui ne répond ni aux besoins de la population, ni au travail des psychologues : le dispositif MonPsy.

Rejeté par la très grande majorité des psychologues et des patients, ce dispositif comprend de très nombreux problèmes : passage obligatoire par le médecin généraliste (une prescription déguisée en « adressage ») ;

limitation du nombre de séances (8 par an) ;

les critères d’inclusion des patients extrêmement nombreux et restrictifs ;

le non-maintien du secret professionnel (bilan à transmettre au médecin) ;

la sélection sans transparence des psychologues du dispositif (les commissions de

sélection qui devaient être mises en place localement au niveau des ARS et intégrer la profession semblent ne pas exister) ;

des tarifs pour un temps imposé (40 euros la première séance, 30 euros les suivantes) qui ne prennent pas en compte la durée moyenne des consultations de psychologue et la viabilité économique de leur exercice.

Malgré ces différents éléments, le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS)1 ne propose aucune modification du dispositif MonPsy.

Pire encore, la santé psychologique n’y est même pas mentionnée !

La profession de psychologue apparaît une seule fois, au niveau de la réforme de tarification des soins à domicile (dépendance et perte d’autonomie).

La santé mentale n’est évoquée succinctement, qu’à une seule reprise2, parmi les très nombreuses dimensions qui feront l’objet d’une évaluation dans le cadre des « rendez-vous de prévention » (20-25 ans, 40-45 ans, 60-65 ans). Faute de référence aux psychologues, on peut craindre que des professions de santé non formées à la psychologie se voient confier cette évaluation.

Le PLFSS, qui a pour fonction de conditionner le budget de la sécurité sociale, doit en principe permettre des actions concrètes dans le quotidien de la population. Pour celles et ceux qui ont besoin de soins psychologiques et d’aller consulter un psychologue en institution ou en libéral, cela ne sera malheureusement pas le cas.

Dans les structures publiques, les patients devront continuer à attendre des mois, parfois plus de six mois dans certains territoires, pour avoir accès à un psychologue et à des soins psychologiques.

Les patients continueront de voir leur état psychologique se dégrader avant de pouvoir être pris en charge.

Les patients les plus précaires qui tenteront de se tourner vers le dispositif MonPsy en obtenant 8 séances se retrouveront ensuite en situation de rupture de soins et cela accentuera leurs difficultés.

Les patients devant être hospitalisés en urgence ne pourront pas toujours l’être du fait de la diminution des lits en psychiatrie qui a un impact direct sur la gestion des urgences psychologiques et/ou psychiatriques.

Alors qu’elle venait à peine d’y apparaître, la disparition de la santé psychologique dans le PLFSS augure-t-elle une disparition plus large de sa place dans la santé, malgré la définition de l’OMS3 qui intègre clairement cette dimension ?

Le SNP dénonce cette absence et continue de défendre une prise en charge psychologique de qualité adaptée aux patients et respectueuse des conditions de travail de la profession.

Nous appelons les psychologues à s’unir, tous ensemble et tous champs d’exercices confondus pour défendre la profession.

Nous appelons le gouvernement à échanger avec la profession autour de la mise en place d’une véritable politique de santé psychologique qui impliquerait la création massive et urgente de postes de psychologues dans l’ensemble des fonctions publiques et dans le privé, la revalorisation des grilles salariales des trois fonctions publiques et des conventions collectives et le remboursement des consultations de psychologues libéraux à des tarifs adaptés et avec un accès direct (sans prescription) du patient.

Le bureau national du Snp

 

1 – Le PLFSS a été présenté en Conseil des ministres le 26 septembre 2022. Il sera examiné à partir de ce jour à la Commission des Affaires sociales et sera présenté à l’Assemblée à la fin du mois d’octobre.

2 – « Ces rendez-vous seront également l’occasion de faire le point sur les dépistages (cancers, IST…), la vaccination et la santé mentale » (page 36 du PLFSS).

3 – La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.