Le Président de la République, Emmanuel MACRON, s’est exprimé longuement sur sa vision de la santé mentale dans une interview datée du 4 septembre auprès du youtubeur Hugo Décrypte.
Le Président de la République a évoqué la santé comme une de ses trois priorités.
Pourtant, les initiatives menées ces dernières années par ses gouvernements successifs, sont au mieux insuffisantes, mais dans la réalité clairement contre-productives, alors que les derniers chiffres sur la santé mentale de la population sont absolument critiques, et démontrent à quel point il est nécessaire désormais de penser une véritable politique publique autour des soins psychiques et de la prévention dans notre pays.
Le Président de la République a insisté à plusieurs reprises sur l’importance du diagnostic.
Mais diagnostiquer massivement sans être en mesure de prendre en charge par la suite les personnes concernées est un véritable non-sens ! C’est pourtant ce qu’il se passe en de nombreux endroits où les capacités de diagnostic ont été renforcées, au détriment des capacités de soin.
Le Président de la République a mentionné l’importance de la prévention. Malheureusement, les carences sont massives en France dans ce registre, particulièrement pour les plus jeunes.
Aucune politique réellement ambitieuse, malgré les besoins considérables, n’a été mise en place à ce niveau depuis de nombreuses années. Les CMP dont la prévention était une mission essentielle ont été privés des moyens nécessaires à celle-ci.
Le Président de la République a évoqué le manque de professionnels pour justifier du retard de la France sur d’autres pays européens concernant la prise en charge des étudiants. N’oublions pas que la France a un ratio psychologue/étudiants 15 fois inférieur aux recommandations internationales.
Il existe pourtant plus de 70 000 psychologues en France, mais bien trop peu d’embauche dans les BAPU et les Services Universitaires de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé (SUMPPS).
Le Président de la République a affirmé que les psychologues étaient des paramédicaux.
Il démontre ici sa méconnaissance de notre profession qui n’est pas intégrée au Code de la Santé Publique, ce dernier concernant exclusivement les professions médicales et paramédicales.
La formation des psychologues est ancrée dans les Sciences Humaines et ne peut faire l’objet d’une prescription puisque nous sommes autonomes dans nos pratiques.
Le Syndicat National des Psychologues constate que le Président de la République est approximatif dans ses réponses, souvent inexact et ne déploie aucune vision ambitieuse concernant la prise en charge de la souffrance de nos concitoyens. Par ailleurs, la souffrance psychique est ici d’emblée entendue sous un angle médicalisé alors que le public et les psychologues savent très bien que cette approche est loin d’être systématiquement nécessaire.
De manière générale, nous entendons un discours très construit mais sans actes concrets dans la réalité.
Le Syndicat National des Psychologues tient ici à rappeler que les psychologues sont nombreux en France et sont en mesure d’absorber les besoins de la population si on leur en donnait les moyens à partir d’une véritable politique publique des soins psychiques qui impliquerait :
- Un renforcement du nombre de postes de psychologues dans tous les services publics ;
- Une réévaluation complète de la rémunération des psychologues ;
- Un dispositif de remboursement en libéral qui soit adapté à la population et aux spécificités
du soin psychique ; - Un véritable système novateur en terme de prévention au niveau de la santé mentale,
et ce, dès la petite enfance.
Cette politique publique ambitieuse ne peut exister que si les professionnels de terrain que sont les psychologues sont partie prenantes d’un réel travail de co-construction avec le ministère de la Santé et de la Prévention, ainsi qu’avec le gouvernement de manière générale.
Jusqu’alors, les échanges avec le ministère n’ont aucunement permis cette co-construction, puisqu’il n’existait aucune réelle écoute, aucune réelle marge de manœuvre face aux projets déjà ficelés du gouvernement, dont l’objectif était de faire semblant d’agir à moindre coût. C’est la population française qui reste bien démunie face à ses nombreux problèmes de santé psychique.
Le Président de la République parle des psychologues sans les connaître.
Il n’a jamais souhaité les recevoir ou les rencontrer pour entendre les propositions étayées et utiles soutenues par la profession.
Le Syndicat National des Psychologues constate à quel point le chef de l’État est éloigné des enjeux du terrain et de ce que représentent les exigences professionnelles d’une prise en charge psychologique pour nos concitoyens.
Le Syndicat National des Psychologues appelle donc le Président de la République à entendre la souffrance psychique de la population et à en échanger avec les principaux intéressés que sont les psychologues.