Communiqué : la surdité du gouvernement continue ?

« Je rejette l’idée que les dispositifs comme Mon soutien psy soient des échecs. Ils sont très largement utilisés. Notre difficulté c’est de trouver des professionnels pour être derrière, au bout du fil ».

Aurélien ROUSSEAU -Commission des Affaires Sociales du 11 octobre 2023

Monsieur Aurélien ROUSSEAU, nouveau ministre de la Santé et de la Prévention, a répondu par cette phrase à une interpellation du député Pierre DHARÉVILLE, qui soulignait l’échec du dispositif Mon soutien psy, la nécessité d’embauches massives de psychologues dans les services publics, et le fait que la profession de psychologue était « une spécialité pas suffisamment rémunérée ». Nous remercions ici chaleureusement le député Pierre DHARÉVILLE pour cette intervention, qui possède une vraie connaissance de la situation des psychologues, et de l’état de la prise en charge de la souffrance psychique en France.

En revanche, la réponse du ministre de la santé constitue un véritable évitement du fond du problème, et témoigne d’une confusion des différents dispositifs. Signe peu encourageant quant à ce qui est attendu de Mon soutien psy et qui dit là qu’il s’agit bien d’un dispositif qui répond à une urgence de répondre, sans reconnaissance du travail de fond des psychologues auprès du public.

Mon soutien psy n’est pas un énième numéro vert mis à disposition des Français, numéros qui constituent d’ailleurs, une réponse hors réalité quant à la nature et l’importance des besoins de la population. Mon soutien psy  est un dispositif de consultation qui, nous le répétons, peut mettre en danger le public, ne répond pas du tout aux besoins de la population en termes de prise en charge de leur souffrance psychique, et méprise particulièrement les psychologues. S’il existe des problèmes de recrutement de psychologues, c’est que ceux-ci ont de bonnes raisons de ne pas souscrire à un tel dispositif. 93 % des psychologues libéraux officiellement, refusent de cautionner un système inefficace voire dangereux. Le Printemps de l’Évaluation a très justement fait une évaluation objective de ce dispositif et en a souligné les écueils, en appelant à son abandon pur et simple ou à son amélioration avec les acteurs de terrain. Visiblement le ministre de la santé n’a pas entendu ces conclusions.

Par ailleurs, si Monsieur Aurélien ROUSSEAU faisant l’amalgame entre Mon soutien psy et d’autres dispositifs téléphoniques, évoque là aussi des difficultés de recrutement, c’est qu’il existe également un problème à cet endroit. Comme l’a dit Pierre DHARÉVILLE, et comme le SNP l’a récemment mis en exergue dans un précédent communiqué1, les psychologues salariés sont très mal rémunérés au vu de leur haut niveau de qualification. Les salaires stagnent depuis des dizaines d’années, les psychologues voient depuis longtemps leur pouvoir d’achat baisser continuellement.

Si Monsieur Aurélien ROUSSEAU veut mettre en place des dispositifs de soin psychique efficaces pour la population, il serait judicieux qu’il entende réellement les retours de terrain des psychologues.

Le SNP continue à solliciter le ministre pour une rencontre réelle afin d’aborder toutes ces questions, et avec le projet d’élaborer un véritable plan national de la prise en charge de la souffrance psychique, en défendant un service public et un secteur médico-social de qualité, secteurs oubliés depuis longtemps par l’État.

1 https://psychologues.org/wp-content/uploads/2023/10/le-salaire-des-psy.pdf