… organisée «devant les fenêtres du Premier ministre» le 14 mars 2012 !
Certes la rue de Varenne nous fût en réalité interdite mais Matignon, à défaut de recevoir une délégation, est venu récupérer le texte du long courrier adressé par les organisateurs au Premier ministre, avec la liste des 5.300 signatures de la pétition, ainsi qu’un exemplaire du «livre blanc» de la profession fraîchement publié par notre syndicat !
L’enjeu de de cette mobilisation ?
Les étudiants tiennent à leurs stages et tenaient à le faire savoir. Les universitaires tiennent à leurs étudiants et tenaient à le faire savoir. Les praticiens tiennent à leur profession et tenaient à le faire savoir. Environ 500 personnes (selon les estimations de la Police), dont certaines venues spécialement de province, ont vigoureusement crié leur attachement au respect de la loi sur l’égalité des chances et leur demande que l’Etat prenne les moyens (financiers pour l’essentiel) de faire appliquer ce que lui-même a promulgué, relativement à la gratification des stages.
En effet, la loi du 28 juillet 2011 pour le développement de l’alternance et la sécurisation des parcours professionnels ayant considérablement durci les textes, empêche désormais pratiquement toutes les solutions d’aménagement juridique de fortune mises en place par les universités et les institutions depuis la promulgation de la loi du 31 mars 2006 pour l’égalité des chances.
Or, la loi sur l’autonomie des universités conduit à ce que les services juridiques des universités rechignent désormais à signer des conventions qui sortiraient du cadre de la stricte légalité. Et les institutions qui accueillaient des stagiaires, sommées pour un certain nombre d’entre elles de se conformer à la loi, préfèrent faute des moyens budgétaires suffisants, s’abstenir désormais de continuer cet accueil, pourtant essentiel à la formation des futurs psychologues.
« Les conséquences sont dramatiques pour les futurs psychologues : à ce jour en France, environ 80% des étudiants seraient dans l’incapacité d’obtenir leur année et leur diplôme, dont la validité est tributaire de cette loi ».
C’est en réaction à cette situation catastrophique, qu’entre le 22 et le 24 février, tant le mouvement « Sauvons la Clinique » que le site de notre syndicat ont relayé un appel à la mobilisation initié par un Collectif d’universitaires, d’étudiants et d’organisations professionnelles[i] pour la formation des psychologues : « la profession de psychologue est en danger. La réglementation sur l’égalité des chances génère des effets pervers pour les étudiants en psychologie : le champ sanitaire et médico-social manquant cruellement de moyens, la plupart des institutions ne sont pas en mesure de gratifier leurs stagiaires dans les conditions exigées par la loi ».
Ainsi que la lettre adressée à cette occasion au Premier ministre l’exprime sans détour, « si cette situation d’extrême crise a pu mettre en évidence la nécessité de repenser structurellement notre profession pour la revaloriser, tâche qui incombe à ses différents acteurs, il est également de votre responsabilité, Monsieur Le Premier Ministre, de contribuer pour votre part à faire que les professionnels diplômés de l’enseignement universitaire français puissent soutenir leur rang. Diverses initiatives visant à alerter le Gouvernement de la gravité de cette situation ont été entreprises, mais sont restées lettre morte ».
On peut admettre que lorsque Valérie Pécresse, comme Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, fit son discours du 10 septembre 2007 pour accompagner la mise en place officielle du comité des stages et de la professionnalisation des cursus universitaires, elle pouvait croireque larelation des deux termes était naturelle : « La généralisation des stages entraîne mécaniquement une professionnalisation plus forte des cursus universitaires. La professionnalisation des cursus universitaires, nécessaire et demandée par tous, ne peut pas se faire sans une moralisation des stages… »
L’objectif était clair :« il faut professionnaliser tous les cursus ». Aujourd’hui, la crainte est qu’à l’inverse, les cursus ne se vident de leur substance pour s’adapter à la pénurie de moyens. La Fédération Française des Psychologues et de Psychologie (FFPP) et l’Association des Enseignants-Chercheurs en Psychologie des Universités (AEPU) ont toutefois décidé de ne pas s’associer à ce mouvement dans la forme où il a été mis en place
Souhaitons que le collectif d’universitaires, d’étudiants et d’organisations professionnelles qui, depuis l’UFR « Sciences Humaines Cliniques » de Paris 7, est à l’origine de cette mobilisation continue ses actions que nous soutenons afin que des amorces de solutions soient rapidement trouvées, la « fenêtre de tir » des élections à venir (présidentielles, puis législatives) ne durant pas éternellement. Divers députés ou institutions ont déjà été démarchés : certains se sont montrés intéressés.
Jean-Michel Ballester,
ce 14 mars 2012
[i] Universités de Caen, Lumière Lyon II, Montpellier III, Paris 5-René Descartes, Paris 7-Denis Diderot, Paris 10-Nanterre, Paris 13, Poitiers, Rennes II, Rouen, Université de la Réunion, de Toulouse, Association des psychologues cliniciens de Lille III, Séminaire Interuniversitaire Européen d’Enseignement et de Recherche de la Psychanalyse et de la Psychopathologie (SIUEERPP), Syndicat National des Psychologues (SNP), Confédération française démocratique du travail (CFDT) et Union Nationale des Etudiants de France (UNEF).