Il y eut comme une embellie. Les psychologues étaient invoqués dans les discours politiques comme une nécessité, les médias relayaient la pertinence de l’intervention psychologique en ces temps de pandémie. Les résultats d’une enquête de la DRESS pointaient l’augmentation notable des syndromes dépressifs chez les jeunes de 15 à 24 ans et ceux de COVIPRED rappelaient l’impact dépressif sur l’ensemble de la population. Dès mars 2020, le Ministère de la Santé, au travers du Délégué Ministériel, M. Bellivier, conviait le Syndicat National des Psychologues et la Fédération Française des Psychologues et de la Psychologie à une négociation autour d’un projet de prise en charge des consultations psychologiques dans ce cadre de pandémie. Le principe d’un remboursement des consultations constituait une avancée très nette, demandée depuis longtemps par la profession et attendue avec espoir par les générations les plus jeunes en quête d’insertion professionnelle. La précédente initiative de remboursement par la CNAM, au titre des expérimentations avait buté sur des points : la tarification et la prescription médicale.
Des réticences furent exprimées sur la qualification, sur l’autonomie, sur les méthodes et sur les indications accessibles. A la proposition d’un Diplôme Universitaire sous la gouverne médicale, il fut proposé deux choses : la définition d’un profil conforme aux missions et la création d’une Commission d’agrément sous la responsabilité des organisations professionnelles de psychologues. Il a été rappelé que les nouveaux travaux de validation montraient une efficacité équivalente de plusieurs méthodes (cf. Visentini). La question centrale de la prescription fut réfutée et le Délégué Ministériel convint rapidement d’y substituer la notion d’adressage exprimant un travail de coordination et non de subordination. Mais la CNAM, dans un esprit de contrôle budgétaire, maintenait la logique de la prescription et refusait toute idée d’accès direct. Si le principe du pluralisme fut toléré, si la notion d’adressage fut validée, la capacité d’organisation de la Profession ne fut guère entendue, et le problème crucial de la tarification n’eut qu’une réponse reportée aux calendes grecques.
Plusieurs rapports ou annonces se succédèrent : Rapport du 10 mars sur l’expertise par le Sénat, Rapport de la Cour des comptes de février 2021, Mise en place du Chèque Psy le 1 février par le MESRI, Arrêté du 10 mars sur les TND, Communiqué des mutuelles du 22 mars 2021, Adoption de l’article sur le projet psychologique le 18 mars 2021, Proposition de loi sur l’Ordre du 7 avril, etc. Les orientations se répètent : prescription médicale, sous-tarification des consultations (hormis les mutuelles), cadrage de la profession. De sombres nuages ont assombri le devenir de la Profession.
Le SNP a pris position par des communiqués, a écrit aux Ministères et aux députés, a rencontré divers interlocuteurs. Il a sollicité des organisations professionnelles. Il a réagi vivement pour défendre un remboursement adéquat à l’activité libérale ; il a combattu la prescription médicale ; il a souligné la nécessité d’effectuer des recrutements dans les institutions (CMP, BAPU, etc.) ; il a défendu le pluralisme des référentiels ; il a milité pour une instance coordinatrice.
De multiples manifestes, pétitions, tribunes, messages ont déferlé par ailleurs. Chacun prétend rassembler, créant une multiplicité de points de rassemblement : une unité paradoxale ! Mais l’individualisme protestataire reste réactionnel et ne peut être entendu pour une transformation politique. Cette dispersion nuit à l’objectif visé et favorise les décisions sans l’avis des psychologues.
Il s’avère que la reconnaissance initiale s’est close dans un entonnoir peu favorable à la Profession. Le Syndicat National des psychologues défend l’allongement des études sous le mode du Doctorat professionnel (LMD) comme nécessité pour une assise de la Profession. Après avoir défendu le principe d’une instance ordinale et après analyse, il défend un Haut Conseil des Psychologues jugeant inévitable l’organisation de la profession (représentativité, droit d’exercice, adaptation de la formation sans uniformisation, organisation, centralité de la déontologie, pluralisme de l’exercice et des référentiels).
Donc une seule pétition et une coordination de l’action à propos du remboursement des consultations psychologiques, de l’instance organisatrice, etc.
Patrick-Ange Raoult, Secrétaire général