Extrait de la Mission d’information de la conférence des Présidents sur l’impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Coronavirus-Covid 19 (séance du mardi 16 juin 2020 à 17 heures) :
M. Jérôme Salomon.
(…)
En ce qui concerne l’hôpital , comme vous le savez, ni les établissements de santé ni les professionnels de santé n’entrent dans les compétences du directeur général de la santé publique. Cela dit, dans la mesure où je suis moi-même praticien hospitalier, la qualité de l’hôpital public me tient évidemment à coeur – j’y ai exercé toute ma vie. Par ailleurs, je travaille de façon très étroite et en parfaite collaboration avec la directrice générale de l’offre de soins. Les services de réanimation ont été exceptionnels : imaginez ce que représente le fait de doubler la capacité, ce que cela veut dire pour les équipes. Il leur a fallu pousser les murs, aller chercher des respirateurs aux urgences, au SAMU, dans les stocks militaires ou dans les stocks de l’État, parfois en pleine nuit. De la même façon, des équipes d’infirmières de réanimation se sont portées volontaires pour venir aider, en particulier dans le Grand Est. La mobilisation de tous les membres des équipes de réanimation – soignants mais aussi psychologues, par exemple, car le spectre des métiers est très large – a été magnifique. C’est tout aussi vrai sur le plan technique : de très belles opérations, totalement inédites, ont été organisées, notamment celles consistant à embarquer plusieurs dizaines de patients dans des TGV, ou encore le recours à des hélicoptères, des avions et des bateaux militaires – car nous avons évacué des malades de Corse. Pour le reste, effectivement, il y a le Ségur de la santé : une réflexion avec l’ensemble des professionnels de santé est en cours. J’espère que nous trouverons des réponses à la hauteur de leurs attentes, mais je ne saurais aller au-delà de mes compétences et de mes prérogatives.
(…)
Les EHPAD sont un sujet extrêmement sensible. Nous avons eu des discussions très étroites avec les acteurs de terrain. Le Président de la République s’est rendu dans un établissement au début du mois de mars. Les fédérations, les soignants, les psychologues s’interrogeaient : ils savent quel déchirement constitue pour les résidents la restriction des visites chaque hiver au moment des épidémies de bronchiolite ou de grippe. Ils nous demandaient de les laisser décider des modalités d’organisation. Les décisions d’interdire les visites puis de demander l’isolement en chambre, dans le cadre du plan bleu, ont été si délicates à prendre que nous avons saisi le Conseil consultatif national d’éthique (CCNE). Il est en effet compliqué de mettre en balance bénéfices et risques – protection de la santé des individus d’un côté, effets collatéraux de l’autre : absence de stimulation, désespoir, voire syndrome de glissement.