Le 15 juin 2021, soit quelques jours seulement après la mobilisation exceptionnelle des psychologues sur l’ensemble du territoire et les départements d’Outre-Mer, le Ministre de la Santé et des Solidarités, M. Olivier Véran, a répondu aux questions de Mme Chantal Jourdan,
( intervention de Mme Jourdan à 47min 03), députée de l’Orne, à l’Assemblée Nationale, en ignorant délibérément le mécontentement de l’ensemble de la profession, publics, privés et libéraux réunis.
Comme s’il ne connaissait pas le dossier, ce dont nous pouvons douter, il affiche son mépris de nos statuts et des enjeux liés à des revendications légitimes pour la population.
Dans un premier temps, il reconnaît la qualité de la formation des psychologues en précisant qu’ils sont « sous-utilisés » (sic !) affichant clairement la volonté de les « encadrer » par des « prescriptions » et l’inscription dans des dispositifs formatés aux tarifs indécents. Il n’est pas certain, nous dit-il, que » lever l’obligation de prescription soit la priorité pour les psychologues et pour les patients ».
Des revendications pourtant sans ambiguïté
Nos revendications sont claires. Nous défendons :
-un accès libre et direct aux psychologues qui ne sont pas des paramédicaux, sans prescription médicale ;
-l’affirmation de notre appartenance aux sciences humaines et notre refus de l’assujettissement au tout médical ;
-la création massive de postes de psychologues dans les services publics et dans le médico-social afin de répondre aux besoins réels, au plus près des populations, notamment des plus démunis ;
-le respect de la diversité des approches dont de nombreuses études démontrent aujourd’hui l’efficacité et la complémentarité.
Ainsi, dans les suites de la crise sanitaire, pour répondre aux détresses actuelles et aux manquements, alors que les services publics sont en baisse constante d’effectifs depuis des années : le gouvernement veut « utiliser » à bas coût les libéraux dans un mépris total des populations concernées.
L’argument de la précarité des psychologues ne trouvant pas de travail est édifiant du peu de respect porté à notre profession majoritairement féminine et habituellement discrète. Nous devrions donc travailler à n’importe quel prix et dans n’importe quelles conditions ? C’est oublier notre code de déontologie, l’engagement et la qualité que nous devons à nos patients. En se mettant en grève et en protestant dans la rue, c’est une éthique forte du soin que nous défendons.
Des erreurs et des approximations consternantes !
Dans un second temps, à propos des psychologues de la Fonction Publique Hospitalière, la réponse du ministre est consternante. Il affirme que « le Ségur a permis de changer la donne » avec les « revalorisations des grilles indiciaires » permettant d’augmenter les salaires de « 500 à 600 euros en fin de carrière ». M. le Ministre, seriez-vous emporté par les éléments de langage, car il n’en est rien ? Ou bien confondez-vous les psychologues avec les kinésithérapeutes, les orthophonistes et les diététiciens, tous paramédicaux ?
Les organisations représentatives ainsi que les centrales syndicales hospitalières n’ont cessé de dénoncer l’exclusion des psychologues des accords du Ségur. Oubliés et méprisés, les psychologues n’ont pas bénéficié des revalorisations de leurs grilles de salaires, ni du doublement du ratio des promouvables en hors classe.
Certes, le Complément de Traitement Indiciaire nous a été appliqué (183 euros pour un temps plein) en FPH mais comment expliquer que depuis 1991 (Décret n° 91-129 du 31 janvier 1991 portant statut particulier des psychologues de la FPH) nos grilles indiciaires n’avaient pas été revalorisées sauf à minima dans le cadre général, comme toutes les autres professions, du PPCR (Parcours Professionnels Carrières et Rémunérations) ?
Dans ces conditions, nous n’avons eu aucun rattrapage suffisant. Ainsi un psychologue en fin de carrière, en janvier 2021 (avec une année de retard du fait du gel des mesures PPCR) ne touche que 70 euros de plus du fait de la création PPCR d’un 8ème échelon hors classe. Nous sommes bien loin des 500 ou 600 euros que vous annoncez. De plus, pour rappel, précisons que bien peu de nos collègues auront droit à cette aumône car ils sont contractuels (à plus de 50% en FPH) ou, s’ils ont la chance d’être titulaires, du fait des faibles ratio, ils ne seront jamais promus en hors classe.
Quant aux débuts de carrière, du fait des valorisations Ségur légitimes d’autres professions, ils seront moins payés avec un Master ( bac + 5 et catégorie A) qu’un aide-soignant : bel indicateur du souci que vous avez de la qualité de la prise en charge psychologique et quelle hypocrisie de commencer par louer notre haut niveau de qualification !
Un appel au boycott !
Le SNP appelle donc à nouveau au boycott de tous les dispositifs mis en place (« Santé psy étudiant », « Forfait psy-enfant-ado » etc…). Nous appelons également au boycott du Parcours de soins après traitement pour cancer de 6 séances de 30mn à 22,50 euros à choisir entre diététicien ou psychologue (décret du 24 décembre 2020) ! Ces dispositifs sont une insulte à tous les professionnels engagés dans l’accompagnement de ces patients.
Les psychologues ne peuvent accepter cette cascade de protocoles alors que nous sommes garants dans nos approches du « respect de la personne dans sa dimension psychique » (Code de déontologie des psychologues, 2021). Tout citoyen dans ce pays devrait avoir le droit de bénéficier et d’accéder librement à des soins psychiques de qualité.
Le SNP remercie vivement Mme Chantal Jourdan, ainsi que les nombreux parlementaires qui continuent d’interpeller le gouvernement.
Le SNP continue de défendre le respect des patients et le travail des psychologues hospitaliers.