Décès de Marie-France Jacqmin, 77 ans, rédactrice en chef de Psychologues & Psychologies

Marie-France Jacqmin s’en est allée à 77 ans.

Adhérente et militante du SNP depuis 1965. Elle était la rédactrice en chef de cette revue, Psychologues & Psychologies, depuis 15 ans…

 

« Je veux encore vivre » disait-elle encore, il y a peu.. . Mais le 4e assaut de la maladie a eu raison de la battante qui  a  résisté des mois durant.

 

Après des études à Psychoprat, Marie-France a commencé sa carrière à Toulon. En 68, elle s’est installée à Bordeaux où ses activités professionnelles principales concernaient les supervisions d’équipes et les audits d’établissements médico-sociaux. Elle assuré des formations dans de nombreux établissements ou associations comme l’Ecole des parents, l’Ecole de la magistrature…Parallèlement elle menait une activité en libéral

 

Son militantisme au sein du SNPPD, ancêtre du SNP,  a débuté dès 1965 dans la région bordelaise où elle a été co animatrice  d’une délégation régionale très active et très engagée qui, par sa vigueur, a bousculé tout le syndicat. Certains reconnaissaient à mi voix que Marie-France en était le véritable moteur !

 

Au début des années 80, en raison de l’absence  de structures de recherche pour les psychologues praticiens, le SNP a créé l’ANREP (Association national pour la recherche et l’étude en Psychologie). Rapidement, Marie-France en est devenue la présidente et sous  son impulsion s’est développée  une « école » qui a réfléchi, formé, écrit et marqué tout une génération de cliniciens formés à la psycho dynamique.

 

Après avoir obtenu le titre en 1985, les psychologues cherchent à asseoir la profession et élaborent un code de déontologie. Marie-France est active dans les groupes de réflexion. Lorsque le code est signé par la profession en 1996, est constitué la CNCDP, Commission nationale consultative de déontologie des Psychologues, une sorte de laboratoire de mise à l’épreuve du code de la profession. Marie-France en devient la première présidente non universitaire.

 

Dans les années 2000, je propose à Marie-France de me remplacer et de  postuler au poste de rédactrice en chef de Psy&Psy. Vu le nombre d’engagements qu’elle assume, je crains un refus. Après une journée de réflexion et d’échanges avec Philippe, son mari, elle accepte ce challenge et repart pour une nouvelle aventure car « à notre âge, on ne refuse pas une telle occasion ». Et la voilà repartie, toujours avec le même désir de perfection…. Et l’aventure s’est poursuivie jusque ces derniers jours.

Pendant cette période, nous avons travaillé ensemble et échangé presque quotidiennement. La maladie n’était pas un handicap et seule l’absence de réseau dans les monts du Népal ou au sommet du Machu pitchu ou lors de la chasse aux aurores boréales  interrompait  nos échanges qui reprenaient dès que Marie-France posait le pied en France.  Nous avons ainsi imaginé et réalisé de nombreux numéros de la revue… Ces échanges étaient aussi pour nous l’occasion de refaire le monde et plus modestement le SNP !

 

Ainsi était Marie-France…

 

Christine Goubert

 


Nous avons fait un bon bout de chemin ensemble au SNP. Tu y étais bien avant moi et je me souviens que tu as été très accueillante quand j’y suis arrivé. Tu m’as rapidement sollicité pour que je prenne des responsabilités et tu as été de celles et ceux qui sont pour partie à l’origine de mon engagement dans le syndicat.

Pendant mes premières années au SNP, tu as été pour moi une référence syndicale en particulier par la place que tu as tenue dans la commission nationale de la déontologie et par ton engagement en faveur d’une instance de régulation de notre profession.

Tu as occupé pendant plusieurs mandats et avec brio la place de rédactrice en chef de la revue du SNP et ce pratiquement jusqu’au bout de ta vie. Nous avons beaucoup travaillé ensemble pendant toute cette période et nous avons aussi eu des désaccords d’écriture ou de stratégie et la communication entre nous ne fut pas toujours facile. Mais il faut dire que je suis plutôt têtu et toi une passionnée de la profession, tenace sur tes positions !

Je garde de toi l’image d’une femme combative toujours debout malgré l’adversité.

Marie-France, merci pour tout ce que tu nous as généreusement apporté.

Jacques Borgy

Secrétaire général du SNP


 

Lors des nombreux Congrès je la revois avec les uns et les autres, tonique, dynamique en diable, stimulante, en prise directe avec tout ce qui se passait, encourageant les initiatives, les suscitant, « oui, bien sûr, vas-y… il faut y aller, aller mais qu’est-ce que vous attendez ? », pouvant aussi prévenir « ah non ! Pas ça ! »… ou, lors des fins de BN ou CSN… je revois ces moments où l’on prenait un verre, refaisant le BN avant de reprendre nos trains, avions respectifs ou de rester à Paris pour telle expo ou tel spectacle… si elle n’en avait pas vu un la veille, en parlant avec le même enthousiasme !

Lorsqu’elle n’avait pu venir, c’est qu’elle parcourait le monde avec Philippe, son mari ou que l’une de ses immenses fêtes de famille la retenait à Bordeaux ou dans la Drôme !

Bref, Marie-France, elle bouge, elle parle, elle argumente, elle s’oppose, elle ne lâche pas l’affaire, bienveillante, non sans autorité, parfois en version cash, jamais avec méchanceté… et un mail à point d’heure pour une réponse, une question, un avis… à vie…  il y avait tant de vie en elle !… Bref, elle avait la pêche !

J’ai été surprise, un jour, d’apprendre son âge… et je l’ai oublié car il était décalé avec celle qu’elle était, n’avait aucune importance, pas vraiment de prise sur elle, sinon au regard de son expérience… Une battante, une résistante, un parler vrai, une intelligence, mais aussi son humanité, son ouverture d’esprit, sa pugnacité, sa ténacité… bref, Marie-France !

Lâchement attaquée par la maladie, elle a lutté, gagné, rechuté, regagné, ceci à plusieurs reprises… elle a combattu avec lucidité et beaucoup de courage !

Elle va rester longtemps avec nous, au SNP, dans nos échanges, nos discussions, à la revue… dont elle était rédactrice en chef et qu’elle s’est évertuée à tenir jusqu’au bout alors que déjà très malade… mais je crois que ça la maintenait dans la vie qu’elle aimait tant !

Merci Marie-France pour ta belle énergie dont je me souviendrais longtemps. Merci de tout le travail que tu as fait pour la revue, pour le SNP…

Hélène Dubost

SGA du SNP


J'ai eu la chance de la rencontrer au temps de l'ANREP et de la retrouver au sein du SNP.

Sa présence et sa douceur nous manquera mais elle demeurera présente en nous pour ses qualités, son attention portée à chacun, ses travaux, son investissement sans défaillance.

Patrick Ange Raoult

MCF HDR Grenobles Alpes. Labo: CRPPC Lyon2. Psychologue clinicien

Membre du Bureau national SNP

 


Sa douceur et sa détermination me manqueront.

Véronique Guyot

Membre du Comité de Rédaction Psychologues & Psychologies


 

Je me souviendrai d’une grande dame qui m'a accueillie lors du comité de rédaction et la chaleureuse amitié que Marie-France m'a témoignée lors des difficultés d'un décès d'un proche, alors qu'elle-même se savait durement touchée par la maladie.

Evelyne Parent-Kyriacos

Membre du Comité de Rédaction Psychologues & Psychologies


J'ai rencontré Marie-France il y a quelques années seulement mais garderais d'elle l'image de sa persévérance, de sa vivacité d'esprit et de son énergie pour animer le Comité de Rédaction de P&P.

Claire Laurent

Secrétaire de la région SNP-Auvergne


Sa présence bienveillante, son engagement pour la profession et son extrême dévouement au sein du comité de rédaction de P&P resteront gravés à la fois dans l'histoire du SNP et dans nos propres histoires pour ceux qui l'ont connue et appréciée…

Patricia PERRIER

Membre du Comité de Rédaction Psychologues & Psychologies