La commission Université du Syndicat National des Psychologues a pris connaissance de l’intention du gouvernement, évoquée par Emmanuel Macron lors de sa venue à l’Université Paris Saclay, d’offrir aux étudiants en difficulté un « chèque psy », au milieu d’autres mesures économiques destinées à favoriser leur santé mentale.
Si nous sommes sensibles aux efforts faits pour les étudiants et à la reconnaissance implicite de l’importance de l’intervention des psychologues dans le champ de la santé mentale, il importe toutefois de réaffirmer ici qu’une prise en charge psychologique ne peut pas, et ne doit pas être, une réponse automatique au mal-être en temps de crise. Le mot-dièse #Jassumelapsy devenu viral sur les réseaux sociaux montre à quel point aller voir un psychologue s’est démocratisé, à quel point notre profession est d’utilité publique en temps de crise et en dehors, et qu’elle ne peut donc se résumer à un prestataire de services de soin psychique. La santé mentale de la population est un enjeu politique.
Par conséquent, les psychologues et leurs organisations représentatives ne doivent pas en être tenus à l’écart ! Avons-nous été consultés avant de prendre connaissance, dans les médias, de l’idée du « chèque-psy » ? Non. A l’instar du Ségur de la Santé, au même titre que lors de la rédaction du rapport IGAS sur la prise en charge coordonnée des troubles psychiques, les psychologues sont souvent les grands oubliés de débats touchant à la santé mentale de la population, voire même aux conditions d’exercice de leur profession, à la reconnaissance et à la dignité de leur métier et à la prise en compte de leurs longues années de formation fondamentale et continue.
Depuis plusieurs années maintenant, le SNP et l’ensemble des organisations professionnelles représentatives des psychologues se battent pour éviter la prescription, le conditionnement et l’asservissement des interventions cliniques (bilans psychologiques, psychothérapies, expertises,etc.) de nos confrères et consœurs au statut de prestataire de service, des médecins comme de l’Etat. Nous demandons depuis des années que notre profession soit revalorisée, notamment par l’accession à un allongement des études au profit d’un doctorat professionnalisant.
Le SNP n’aura de cesse, au nom de notre corps professionnel, de redire combien associer les psychologues aux décisions concernant la santé mentale de la population est une nécessité, en temps de crise et en dehors. Nous espérons que dans le contexte de crise prolongée que nous vivons et qui atteint une proportion toujours plus élevée de nos concitoyens, cet appel soit enfin entendu.