[Psychologues & Psychologies] Appels à contribution

Psychologue au temps du Covid

La situation singulière à laquelle chacun a pu être exposée par l’effet du Covid n’a pas été sans impact.
La peur de contracter la maladie a suscité l’acceptation d’une mise en parenthèse de nos relations socio-familiales et professionnelles et au renoncement à une partie de nos libertés au profit d’une promesse de sécurité.
La survie a été le sentiment majeur face à la menace de contagiosité et à la violence d’une possible atteinte du corps. Le réel de la mort est venu faire irruption.
La quête de satisfactions immédiates a dû céder la place à la préservation angoissée de soi. La temporalité a été bouleversée.
Une double angoisse a traversé le social : celle de l’épidémie et celle de la brutalité politique du confinement. Le lien épicurien s’est révélé un lien tragique. La fragilité de notre être mais aussi la dangerosité de l’autre se sont reconfigurés dans la vision effrayante de la mort. L’interdit du toucher a pris une nouvelle saveur. La prescription des gestes barrières, à la fois auto censure hygiéniste et injonction policière, a mis en œuvre le désir de contrôle. La folie médiatique, les incertitudes du pouvoir, les défaillances d’un système de soins affaibli sont venues alimenter l’ angoisse collective.

Cette angoisse est venue activer, nourrir les fragilités internes, réveiller chez certains des angoisses archaïques ou des détresses intimes. La symptomatologie s’est parfois accentuée sous forme phobique, obsessionnelle, anxieuse, notamment chez les patients psychiatriques et les personnes vulnérables, celles exposées aux violences familiales ou à des maltraitances institutionnelles comme ont pu en vivre les personnes âgées dépendantes « sur-confinées », privées des visites extérieures. Elle s’est aggravée du fait de la perte des repères du quotidien, de l’entrave aux rituels de deuil, de la sédentarité, de l’isolement social.

Les travailleurs des services indispensables (soignants, éboueurs, vendeurs, aides à domicile) ont payé un très lourd tribut à la maladie alliant des conditions de vie pénibles de confinement familial au manque de reconnaissance, et à la mise en danger de soi et des autres par insuffisance de moyens de protection.
Sur ce dernier point, les professionnels de santé, pris entre le désir de soigner et la crainte d’exposer soi-même et ses proches, n’ont en rien été épargnés, ce qui, notamment dans les EHPAD, les a exposé à une forte tension entre le réel de l’exercice et leurs idéaux. Et le déconfinement n’en a pas moins été éprouvant, en particulier dans les lieux d’accueil pour personnes âgées.

Enfin, cette situation a été l’expression de mouvements inédits de solidarités, de création de dispositifs de communication, de soutien et d’assistance, la découverte du recours massif à la cybercommunication et à une floraison de plate-formes de services et d’écoutes. Elle a été aussi un remaniement des idéaux et des relations symboliques aux semblables.

Les psychologues ont été pour beaucoup mis à l’écart, victimes des effets économiques du confinement et en même temps parties prenantes d’une dynamique sociale, d’un élan de générosité, acteurs de propositions de soin, créateurs de dispositifs assurant une continuité d’accompagnement, une ré-organisation du travail en institution, expérimentant des modification des setting thérapeutiques,  avec le recours massif à la cybercommunication et l’inscription dans des plateformes d’écoute téléphonique.

 

L’enjeu de ce numéro est d’explorer quelques-unes des implications pour les psychologues de cet « effet Covid » : Quelles en ont été les conséquences sur eux-mêmes et sur la profession, qu’a-t-il révélé de leurs forces et de leurs fragilités ?  Quelle analyse clinique peuvent-ils faire de ses conséquences en termes d’incidence sur le lien social, d’émergences psychopathologiques, des difficultés anxieuses et aspects post-traumatiques, du soutien aux soignants et de la prise en charge de la souffrance psychique des personnes qui ont été le plus mises en danger ?

 

C’est sur ce thème que vous pouvez envoyer vos écrits, individuels ou collectifs, à secretaire-redaction(a)psychologues-psychologies.org au plus tard le 15 octobre 2020.

Ils seront écrits sous word en double interligne, police Arial 12 et pourront contenir au plus 15 000 signes espaces comprises. 
Pour tout article plus long, merci de contacter la secrétaire de rédaction au prélable.

Le psychologue expert

L’expérience de l’expertise judiciaire de la part des psychologues demeure une praxis méconnue, déroutante par certains aspects, voire contraire à ce qui porte les psychologues. Elle ravive à la fois les questions de la définition de la psychologie (science naturelle, science de la subjectivité ou science des réactions et du comportement disait Canguilhem), de sa fonction sociale et de son cadre déontologique. Elle remet en exergue la remarque de ce même Canguilhem en 1958 : « quand on sort de la Sorbonne par la rue Saint-Jacques, on peut monter ou descendre ; si l’on va en montant, on se rapproche du Panthéon qui est le Conservatoire de quelques grands hommes, mais si on va en descendant an se dirige sûrement vers la Préfecture de Police ». La légitimité et la déontologie sont fortement sollicitées dans cet exercice. Elle confronte explicitement à la demande sociale et, par-là même, sollicite fortement la posture professionnelle.

Une deuxième interrogation est celle relative aux compétences nécessaires. Il s’agit en peu d’entretiens (un à trois en général) de rendre compte d’un fonctionnement psychique, des effets d’une histoire socio-familiale sur l’organisation de la personnalité, des capacités d’un individu qui puissent donner un éclairage sur un événement ou un acte (un délit ou crime, commis ou subi). De quelle expérience professionnelle et de quelle amplitude théorique le psychologue doit faire preuve pour répondre de manière déontologique et clinique aux questions posées ?

Par ailleurs, troisième question : la responsabilité des écrits est directement impliquée : à la fois, l’écrit se doit d’être compréhensible par des non-psychologues, tout en marquant une spécificité technique. Il est aussi une adresse au sujet examiné, sujet de l’expertise, auquel est renvoyée une image de lui-même non recherchée. Enfin, cet écrit peut avoir des conséquences concrètes, en termes de peines, pour le sujet concerné. Le contexte est celui d’une contrainte à l’expertise posée par le juge mandant à laquelle ne peut être donnée qu’un consentement subi. La responsabilité professionnelle du psychologue est fortement engagée.

Un quatrième point est celui de l’acte psychologique dans ce contexte singulier. Cet examen psychologique, dans un temps réduit, peut-il se faire sur le mode unique de l’entretien clinique, peut-il ou doit-il comporter d’autres épreuves ? La singularité du sujet et de son acte (concernant l’examen d’un mis en cause) prévalent justement sur la dimension actuarielle ou statistique qui ne peuvent suffire à rendre compte de la dimension humaine du sujet. La conduite de l’expertise n’est pas une conduite d’entretien proprement clinique et nullement psychothérapique. Le cadre est souvent posé par la demande judiciaire, fréquemment dans un espace restreint d’un parloir avocat (lieu exigu) au sein d’un centre pénitentiaire lors d’un ou plusieurs entretiens d’un mis en examen ou d’un plaignant. Le propos du sujet n’est pas recueilli dans le cadre d’un colloque singulier qui en assure le secret. Bien au contraire, il va devenir une parole publique soumise au jugement d’autrui et de l’appareil judiciaire.

Une cinquième question est celle de la capacité du psychologue à déployer une position autonome qui ne se contente pas de confirmer les termes de la mise en examen. Il a pour charge de rendre compte de la complexité d’un sujet ayant commis ou subi un acte légalement condamnable. Les présupposés sont souvent particulièrement actifs selon les actes incriminés, (y compris pour le dit expert). Cette position subjective de l’acte clinique se joue de manière très explicite lors de la déposition lors d’Assises dans le jeu des interrogations du président, de l’avocat général, des avocats de la défense et de la partie civile. La question contre-transférentielle est ici particulièrement à interroger et travailler.

Autre aspect : celui de la formation nécessaire alors que nombre de psychologues experts n’ont que rarement un cursus explicite de qualification.

Enfin, la rémunération qui a bénéficié de changement récent suite à des revendications syndicales et associatives mais reste très en deça au regard du réel travail réalisé par le psychologue-expert.

Ce numéro se veut ouverture à ces interrogations que suscite la praxis expertale ou psycholégale dans ses liens d’ailleurs avec la psychocriminologie.

P.A. R., H. D.

C’est sur ce thème que vous pouvez envoyer vos écrits, individuels ou collectifs, à secretaire-redaction(a)psychologues-psychologies.org au plus tard le 31 décembre 2020.

Ils seront écrits sous word en double interligne, police Arial 12 et pourront contenir au plus 15 000 signes espaces comprises. 
Pour tout article plus long, merci de contacter la secrétaire de rédaction au prélable.

La violence envers le psychologue dans l'exercice professionnel

L’actualité nous a confronté à la violence d’agressions commises à l’encontre de psychologues dans l’exercice de leur profession.
Cette question, qui nous revient ici dans la figure de drames douloureux, nous rappelle que les situations d’agressions au cours de l’exercice font partie du travail. De manière moins dramatique, nombre d’entre nous ont vécu des agressions verbales ou physiques sur leurs lieux d’exercice.
La psychiatrie adulte peut donner lieu à des situations de décompensation au cours desquelles un patient s’en prend vivement à un soignant ou un intervenant (psychiatre, infirmier, psychologue). Le travail auprès d’adolescents avec des défenses psychopathiques y confronte également : que ce soit dans le cadre de la PJJ, des structures d’accueil ou des dispositifs de suivi, des conduites sthéniques à l’encontre des adultes, y compris des psychologues, peuvent être observées. Les prises en charge dans le cadre d’obligations ou injonctions de soins voient surgir des attitudes agressives à l’encontre du psychologue au décours du suivi auprès de consommateurs de toxiques et d’alcool, auprès des agresseurs sexuels etc. etc.
Les situations conflictuelles de couple, par exemple dans le cadre d’expertises civiles, suscitent des revendications et disqualifications parfois violentes. Le suivi de personnalité à versant paranoïaque en libéral peut voir émerger des réactions menaçantes. Le travail du psychologue ne peut faire l’impasse de telles situations, la présence de conduites agressives à son encontre est une partie constituante de son exercice. Ce point est rarement traité par la profession.

Nous proposons donc d’évoquer cet aspect du travail à partir à la fois de témoignages, d’élaborations théoriques et de réponses thérapeutiques. Percevoir les situations dans lesquelles émergent ces agressions, comprendre ce qui a pu en être le déclenchement, saisir la posture professionnelle pertinente en ces cas, construire les dispositifs qui y répondent, intégrer dans le travail psychothérapique ces surgissements de conduites agressives, voici quelques-unes des interrogations que les uns et les autres pourraient aborder dans ce numéro.

C’est sur ce thème que vous pouvez envoyer vos écrits, individuels ou collectifs, à secretaire-redaction(a)psychologues-psychologies.org au plus tard le 31 janvier 2021.

Ils seront écrits sous word en double interligne, police Arial 12 et pourront contenir au plus 15 000 signes espaces comprises. 
Pour tout article plus long, merci de contacter la secrétaire de rédaction au prélable.