À propos des remboursements par les Mutuelles/ Refus de la prescription médicale

 Nous nous félicitons que les mutuelles s’engagent pour la santé mentale, mise à mal par la crise sanitaire. L’initiative des Fédérations de mutuelles, assurances santé et institutions de prévoyance de la pris en charge de plusieurs consultations de psychologues par an est une avancée.

Le tarif annoncé dans une limite de 60 euros par séance répond à nos revendications réitérées dans notre opposition à la tarification indécente des Chèques Psy. Nous avions refusé le tarif Chèques Psy afin de défendre la pérennité de l’exercice libéral des psychologues. De la même manière nous avions signifié notre opposition nette pour les tarifications inacceptables des expérimentations CNAM. Si le principe du remboursement était un progrès attendu depuis longtemps par la population, les conditions n’étaient pas recevables par les professionnels.

Les mutuelles sont au premier plan de la prise en charge des consultations psychologiques (MGEN, FDPM –fédération de mutuelles), alors que la reconnaissance par les pouvoirs publics peine. Il y a des blocages, des résistances et des oppositions à l’autonomie des psychologues qui pénalisent la population. Le manque de reconnaissance par les instances est contradictoire avec les réalités des terrains professionnels et la demande même du gouvernement. De multiples facteurs ont entravé l’accès direct aux psychologues que ce soit dans les institutions ou dans les projets de remboursement.

REFUS DE LA PRESCRIPTION MEDICALE

Là où nous marquons une opposition au projet énoncé par les Fédérations de Mutuelles, assurances santé et institutions de prévoyance c’est à propos du principe de prescription médicale. Depuis longtemps, le Syndicat National des Psychologues, ainsi que des Organisations professionnelles expriment leur refus d’une prescription médicale. L’opposition au projet CNAM, hormis la paupérisation des professionnels, tenait au maintien de cette prescription.

Nous signifierons la même opposition déterminée à tout projet s’inscrivant dans l’obligation de prescription.

La réduction de leur autonomie d’exercice, la mise en place d’un filtrage inutile et contre-productif, l’imposition de méthodes sont des facteurs qui empêchent la population de bénéficier d’un accompagnement psychologique.

L’orientation attendue est celle à la fois d’un accès direct aux psychologues et d’un travail de collaboration avec les médecins sur le principe retenu de l’adressage. Le terme d’orientation usité aussi par les Mutuelles est pertinent s’il n’y a pas obligation et/ou prescription dans la démarche. Le principe du pluralisme des approches, en regard des travaux les plus récents, est soutenu.

Le Syndicat National des Psychologues a établi, avec la Fédération Diversité Proximité Mutualiste (FDPM), une Charte pour l’engagement des Psychologues dans le cadre de la Plateforme SESAM PSY. Ce service de santé en ligne propose un accompagnement et un soutien psychologiques à ses adhérents mutualistes. Cette Charte garantit que le psychologue respecte le Code de déontologie, s’assure du consentement éclairé de la personne et de la confidentialité des échanges et possède une compétence et expérience cliniques et psychopathologiques suffisantes.

Nous remercions les Mutuelles pour leur proposition et souhaitons engager le dialogue avec elles comme nous l’avions fait avec la FDPM (fédération de mutuelles).

Tout projet avec des Mutuelles doit pouvoir s’inscrire dans ce cadre de Charte et renoncer au principe de la prescription médicale.

Patrick Ange Raoult, Secrétaire général du Syndicat National des Psychologues, le 23 mars 2021